vendredi 2 juillet 2010

L'Affaire Pie XII. Nouvelles révélations.

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Par Michel Garroté
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Vendredi 2 juillet – 20 Tammuz 5770
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Le cardinal Secrétaire d’État Eugenio Pacelli, futur pape Pie XII, aurait envoyé quatre lettres, une le 30 novembre 1938 et trois le 9 janvier 1939, quatre lettres qui attesteraient de l’aide accordée par lui aux Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Je peux m’imaginer que cette nouvelle révélation, dans le cadre de l’Affaire Pie XII, ne manquera pas de relancer la polémique sur ce pape tantôt apprécié, tantôt critiqué, aussi bien dans l’Eglise catholique elle-même que parmi les Juifs en diaspora et en Israël.
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Pour ce qui me concerne, j’ai déjà donné mon avis, par écrit, à plusieurs reprises, sur ce sujet. Mon point de vue n’a pas changé : il y a environ quatre millions de pièces datant du pontificat de Pie XII qui n’ont pas encore été toutes classées ; le Saint-Siège a lui-même confirmé cela ; lorsque toutes ces pièces seront classées par thème, elles seront alors, et alors seulement, accessibles aux historiens juifs et catholiques ; il n’y donc, au stade actuel, aucune urgence à ouvrir un éventuel procès en béatification de Pie XII. Mais revenons aux nouvelles révélations dans le cadre de l’Affaire Pie XII.
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Ainsi donc, Daniel Hamiche sur
http://americatho.org/ signale (extraits adaptés) que la Fondation américaine Pave The Way (http://ptwf.org/), créée et dirigée par des juifs américains a révélé l’existence de documents découverts par les chercheurs de la Pave The Way Foundation (PTWF). Documents découverts dans des Archives secrètes du Vatican qui ont récemment été ouvertes et donc rendues accessibles. Documents jugés « de grande importance » par la Fondation. En effet, Michael Hesemann, un historien de la Pave The Way Foundation (PTWF) a découvert une lettre du cardinal Secrétaire d’État Eugenio Pacelli (le futur pape Pie XII), lettre datée du 30 novembre 1938, soit trois semaines après la terrible Nuit de Cristal perpétrée par les nationaux-socialistes contre les Juifs.
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Cette lettre a été adressée par le cardinal Secrétaire d’État Eugenio Pacelli à toutes les nonciatures et délégations apostoliques, ainsi qu’à 61 évêques européens. Dans cette lettre, Eugenio Pacelli demandait 200’000 visas pour des « catholiques non aryens » (mot de code pour « Juifs », comme expliqué ci-dessous). Un mois plus tard, soit le 9 janvier 1939, Eugenio Pacelli envoyait trois nouvelles lettres aux mêmes destinataires. Par « catholiques non–aryens », précise l’historien Michael Heseman de la PTWF, Eugenio Pacelli reprenait l’expression du Concordat de 1933 conclu entre le Saint-Siège et l’Allemagne nationale-socialiste, qui englobait, dans un accord de protection, les « Juifs convertis » et les « catholiques non aryens » (mot de code pour « Juifs »).
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Mais les destinataires de la lettre (soit, toutes les nonciatures et délégations apostoliques, ainsi que 61 évêques européens) savaient que dans la lettre de Eugenio Pacelli, il s’agissait tout simplement de Juifs « non convertis » au catholicisme. Dans sa lettre du 30 novembre 1938, Eugenio Pacelli précisait à ses destinataires : « On devra veiller à ce que des sanctuaires soient fournis (aux Juifs) pour garantir leur bien spirituel et protéger leur culte religieux, leurs coutumes et traditions ». Il s’agit bien là des pratiquants du Judaïsme, car les Juifs « convertis » au catholicisme n’avaient évidemment plus de « coutumes et traditions » propres. Dans les réponses d’évêques au cardinal Secrétaire d’État Eugenio Pacelli, la chose est d’ailleurs confirmée, puisqu’ils parlent des « Juifs persécutés » et non de Juifs « convertis » ou « catholiques non-aryens ».
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Dans l’une des trois lettres envoyées le 9 janvier 1939, rédigée en latin – pour en dissimuler le vrai sens à la censure allemande – Eugenio Pacelli écrit : « Ne vous engagez pas seulement à sauver le peuple juif, mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui a trait à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, les centres culturels, etc. ». Il s’agit donc là encore, des adeptes du Judaïsme et non de Juifs « convertis ». Le président-fondateur de la Pave The Way Foundation, Elliot Hershberg, a commenté la découverte de ces lettres : « Beaucoup de Juifs qui ont réussi à quitter l’Europe n’on jamais eu la moindre idée que ces visas (200’000) et autres documents officiels de voyage furent obtenus grâce aux efforts du Vatican.
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Voilà, en substance, ce que Daniel Hamiche signale sur
http://americatho.org/.
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Personnellement, je me réjouis, certes, que la Fondation américaine Pave The Way (
http://ptwf.org/), créée et dirigée par des juifs américains, ait révélé l’existence de ces lettres.
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Je m’en réjouis et en même temps je ne pense pas que le débat soit clôt pour autant. Je pense, au contraire, que le débat va durer encore quelques années.
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Je pense cela, en raison des motifs que j’ai énoncés au début du présent article.
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Et je pense aussi cela, parce que je redoute que certains courants judéophobes, n’exploitent une éventuelle « réhabilitation » de Pie XII, pour alléguer que durant la Seconde Guerre mondiale, L’Eglise a eu un comportement irréprochable. Oui, je redoute cela.
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Car, s’il reste du domaine du possible, que Pie XII soit un jour « réhabilité » par les historiens, preuves à l’appui, et dès lors, éventuellement béatifié, il n’en demeure pas moins que certains catholiques, laïcs, prêtres et évêques, ont adhéré au national-socialisme et ont adopté le salut hitlérien.
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Les photos, les images et les documents historiques à cet égard existent. Les Juifs en diaspora et en Israël ont vu ces photos, ces images et ces documents. Les Juifs en diaspora et en Israël savent, pour en avoir vu, de leurs propres yeux, les preuves historiques, que certains catholiques, laïcs, prêtres et évêques, ont adhéré au national-socialisme et ont adopté le salut hitlérien.
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Dès lors, Pie XII ou pas Pie XII, il serait juste et droit, d’accueillir avec bienveillance, la sensibilité des Juifs, sur toutes ces questions.
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Michel Garroté
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